Soeur Minalia de Gilnéas

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Un jour de pluie, encore un se disait-elle avant que survienne son paternel. Il resta un long moment dans son dos à elle. Elle regardait par déjà l'horizon, comme souvent. Elle préférait passer son temps à méditer, observer ou même rêvasser, plutôt que d'aller jouer avec les autres enfants. On pouvait lui accorder cela : après tout, la vue était magnifique depuis la résidence des Critus. Elle s'élevait sur trois étages et on avait bâti sur la façade est une petite tour (qui montait sur quatre étages elle). Les jours de beau temps, qui se faisaient de plus en plus rare du fait de la corruption qui sévissait dans cette région du monde, on pouvait apercevoir l'Île de la Purification.

Elle ne se retournât pas lorsque son père prit la parole.
- C'est de là-bas que viendront les galions lorsque notre bon Roi renouera avec l'Alliance...
Un long moment de silence suivit ses paroles, quand il reprit.
- Mais ce n'est pas demain que l'on verra mouiller l'aide tant attendue du peuple de Gilnéas. Après tout, notre Roi n'a envoyé aucune aide lors de la Troisième Guerre, pourquoi nous en enverraient-ils aujourd'hui ?
<< Mais rentrons, ta mère me tuera si tu attrapes froid.

Il sourit, mais de ce sourire amer qu'ont les gens qui sentent la mort proche. En effet, Sir Minur Critus de Gilnéas, noble de la cour du Roi de Gilnéas, avait été de ceux qui avaient passé les portes du Royaume dans le dessein d'aider la population de Bois-du-Bûcher. La maladie des Grands Loups avait frappé un coup puissant dans ce village et les plus courageux avaient voulu y aller pour secourir les rares habitants encore sains. Seulement, peu d'entre eux étaient revenus. Près des trois quarts de l'expédition avaient été décimés par les guerriers non-morts venant du Donjon d'Ombrecroc. Les survivants étaient rentrés, mais leur santé mentale était fortement atteinte. Jamais le père de Minalia n'avait parlé de cette mésaventure, sauf la nuit, en hurlant, avant de se réveiller en sursaut, la sueur perlant sur son visage.
Mais à première vue, Sieur Critus semblait le moins mal en point. Certains de ses camarades avaient sombré dans la folie et la plupart de ceux là avaient mis fin à leurs existences malheureuses. Cependant, Minur n'allait plus si bien que ça depuis quelques mois : son teint avait pâli, ses mains s'étaient mises à trembler et il dormait de plus en plus longtemps chaque nuit. Au moins il dormait ! Il ne transformait pas comme tous ces monstres à l'extérieur de Gilnéas ! Il avait donc contracter une maladie, mais aucun des guérisseurs ni des prêtres avait pu remédier à cela.

Ce soir là, c’était un soir exceptionnel : on fêtait les neuf printemps de la jeune fille. A soirée exceptionnelle, dîner exceptionnel : sa mère avait fait préparé un magnifique rôti, accompagné de pommes frites au four. Son père avait également sorti un bouteille de vin qu’il qualifia de formidable millésime. Le repas fut de courte durée, la tension qui régnait dans la demeure rendait toute chose véritablement courte, même la vie.

Deux mois plus tard, Sir Minur Critus reposait dans le caveau familial. Dabira, sa veuve, se morfondait dans le chagrin depuis ce jour, et s’y morfond aujourd’hui encore, le Tout-Puissant en soit témoin. Minalia avait quitté la maison dès ses seize printemps. La vie aux côtés de sa mère malheureuse la rendait plus folle que jamais, déjà que leur relation n’était pas aussi grandiose que celle entre sa mère et sa sœur aînée, Menestra (partie pour l’Eglise bien avant les neuf printemps de Minalia), elle en fut d’autant plus dégradée. Durant deux années, elle avait erré de village humain à port nain, louant des services de ménagères pour subvenir à ses besoins. Lorsqu’elle était partie de chez elle, elle s’était jurée devant Lui de percer les mystères de l’Ombre. Se faisant elle espérait trouver ce qui avait terrassé son défunt père et, par la suite, pouvoir guérir les malades de son royaume natal.

Aujourd’hui, elle se trouve dans la capitale des Humains, Hurlevent. Elle s’est faire engagée dans une maison de nobles en tant que domestique. A côté de cela, elle fait l’office du soir à l’Abbaye de Comté-du-Nord. Ce n’est pas grand chose, mais au moins est-elle reconnue par le Clergé. Et cela lui permet également la chose suivante : après son office, elle gagne la bibliothèque de l’abbaye et s’y installe confortablement. Elle s’instruit sans relâche pour apprendre de l’Ombre. Son père lui disait que contrôler l’ennemi est le meilleur moyen pour le terrasser. Aussi apprend-elle à contrôler le monde de l’Ombre pour mieux le comprendre et le renvoyer des terres de Gilnéas.

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