Satiaan, esclave de lumière

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L'air était pesant en cette fin de journée. Il n'était pas bon de rester des heures sous le soleil dur qui sévissait dans cette partie du monde scindé. Allongée en équilibre sur l'un des nombreux pics de la région des Tranchantes, Satiaan attendait son heure. Sa plus fidèle amie, Satsaania, se tenait sur ses gardes, cachée entre les rochers en contrebas.

Déjà six heures et toujours aucun signe de l'habituelle patrouille. Patience, patience, jeune chasseresse ! Cependant, le soleil lui faisait souffrir le martyre, et sa concentration n'en était que diminuée.
Son esprit divagua et il revint sur ce tract qu'elle avait lu la veille : "Rejoignez la Sainte Croisade !" Qu'était cette croisade, qui en étaient les acteurs, et, surtout, dans quels buts ? Ces questions tournaient dans sa tête, elle ne pouvait s'en détacher, elle qui avait lancé sa propre croisade. Cela faisait en cinq années qu'elle s'était sortie des griffes des Mor'Nathal, ces orcs qui avaient pactisé avec les Grands Démons, ces orcs dont la peau était rougie par le sang démoniaque et dont les yeux saignaient continuellement ! Cinq ans qu'elle était libre ! Ils l'avaient retenue des années durant, depuis le jour où ils l'avaient arrachée aux bras de sa défunte mère alors que Satiaan n'était qu'une enfant. Elle avait lavé, elle avait soigné, elle avait supporté les insultes, les coups et, pire que tout, les sévices de ces monstres ! Les images étaient à jamais gravées dans son esprit, et la douleur n'en était que plus profonde... Elle avait prié pendant sa captivité. Elle avait prié les grands Êtres de Lumière soirs après soirs. Elle avait pleuré, énormément. Pleuré à cause de la douleur, mais également pleuré par désespoir... Les années passaient et aucune occasion d'échapper à ses geôliers n'apparaissait.

Mais vint le jour où elle partit ! L'annonce d'un convoi mené par les Sha'Tar dans une région voisine avait déclenché une grande émotion chez ces chiens : les plus grands guerriers étaient partis en chasse. Subterfuge organisé ou non, des guerriers montés attaquaient le camp orc quelques heures plus tard. Il s'agissait d'un petit groupe. Ils avaient manifestement sous-estimé la force de leur cible, les quelques défenseurs qui étaient restés défirent leurs assaillants. Cependant, l'agitation ainsi causée permit à Satiaan de quitter le camp sans être vue.
La suite est quelque peu flou, étant guère nourrie par les orcs, le soleil ne lui fit pas de cadeau lors de sa fuite. Elle avait erré quelques temps, jusqu'à ce que le décor autour d'elle changea du tout au tout ! Les terres arides et lumineuses des Tranchantes avaient laissé place à un décor aussi verdoyant que sombre. Elle avait eu en face d'elle une fabuleuse cascade et, tandis qu'elle buvait son eau, elle avait été rejointe par cette magnifique panthère. Sa robe était d'un blanc majestueux, tantôt tachetée de noir, et ses yeux était d'un vert étincelant.
Satiaan, dont la foi avait été mise à rude épreuve, trouva là un geste des Êtres de Lumière. Le fait d'être téléportée d'Outreterre vers les Sombrivages (elle le sut par la suite) et, par dessus tout, d'être protégée par cette créature (qui éloignait les éventuels prédateurs, cela dit en passant) ne pouvait être qu'un geste des Cieux.

*grognement étouffé*

Faire le vide dans son esprit.
Visualiser la cible avant de l'apercevoir.
Réciter sa leçon.

Je ne vise pas avec ma main ; celle qui vise avec sa main a oublié le visage de son père.
« Je vise avec mon oeil.
Je ne tire pas avec ma main ; celle qui tire avec sa main a oublié le visage de son père.
« Je tire avec mon esprit.
Je ne tue pas avec mon arme ; celle qui tue avec son arme a oublié le visage de son père.
« Je tue avec mon cœur.

"Kablam !"
Un battement d'aile, trois coups, et la nouvelle patrouille Mor'Nathal tombait, un trou fumant au milieu du front de chacun.

Un peu plus bas, Satsaania laissa échapper un long soupir. Elle devra trouver mieux que la chair orque pour aiguiser ses griffes ce soir. Elle alla tout de même dénicher les morceaux de viandes que les orcs gardaient toujours sur eux. Après tout, toute peine mérite son du, hors la peine avait été lourde sous ce soleil de plomb.

Plus loin, Satiaan se tenait debout, à l'ombre d'un rocher. Elle avait ressorti ce tract de sa besace. Il portait la signature d'un certain Emouchet, de l'Armée de la Sainte Croisade. Dans quatre jours, elle serait dans la capitale des Humains. Dans quatre jours, si les Grands le voulaient, elle verrait la personne du nom d'Emouchet...

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